Pourquoi Dédys peut aider à passer d'une représentation perceptive à une représentation symbolique du nombre?
Dans Dédys, le nombre en chiffre arabe est doublé de sa quantité sous forme de constellation de points et peut être lu par une synthèse vocale. Un double codage pensé pour renforcer l'intuition du nombre.
Comme ne cesse de le dire Michel Fayol, le jeune enfant de 3-5 ans a des connaissances sur les nombres mais elles sont approximatives. La cardinalité est une notion qui met du temps à s’installer et qui n’est souvent pas totalement acquise à l’entrée au CP. Pour le jeune enfant, le nombre n’est pas indépendant des qualités perceptives (trois points sur un domino) ni des qualités de mise en œuvre (trois c’est trois jetons dans ma main ou trois bonbons dans un sac). Passer de traitements perceptifs à des traitements symboliques où le nombre apparaît en chiffre arabe séparé de sa dimension analogique est un véritable défi, un défi long, inégal en difficultés selon les enfants et totalement semé d’embuches pour les enfants atteints de troubles spécifiques du langage, de trouble de l’attention, de la coordination ou d’une forme de dyscalculie touchant ce qu’on nomme l’intuition du nombre, une capacité naturelle, innée, permettant de discriminer de façon exacte des petites quantités jusqu’à trois (subitizing) et d’estimer de façon approximative des quantités un peu plus grandes.
Ce que
sait un enfant à l’entrée au CP
A l’entrée
au CP, au sortir du cycle 1, après trois ans d’école maternelle, un enfant
connait les noms des nombres, dans un ordre stable, jusqu’à trente environ et il
sait en écrire non tous, mais plusieurs sous leur forme symbolique en chiffre
arabe. Du moins c’est ce qu’on attend de lui. En vérité, les performances d’un
enfant à l’autre à l’entrée au CP sont très variables.
Le
dénombrement, activité certes complexe, nécessite de faire correspondre terme à
terme des items et des noms de nombres, de ne pas se tromper dans la comptine
numérique et d’avoir une notion claire de la notion de cardinalité. Peu
d’enfants, moins de la moitié, maitrisent ces trois compétences ensemble à
l’arrivée au CP. C’est donc des compétences qu’il va falloir continuer
d’entraîner et d’ancrer au départ du cycle 2.
Erreurs
autour du nombre
Parmi les
élèves du premier degré, certains enfants en raison d’un handicap, souvent non
encore décelé, rencontrent davantage de difficultés avec les nombres, enfants dyscalculiques
mais aussi dyslexiques, dysphasiques, TDAH ou dyspraxiques.
Pourquoi les enfants dyslexiques peuvent-ils éprouver des difficultés dans le domaine du nombre ? Et non pas dans celui exclusif de la lecture ? Sans doute car le nombre n’est pas qu’une question de compétences en calcul, le nombre demande l’acquisition d’un code verbal (le nom des nombres) et écrit (les chiffres arabes), des habilités qui peuvent être empêchées en cas d’existence d’un trouble du langage. Le nombre est donc lié au langage, mais aussi à l’espace (représentation analogique d’une quantité) et demande des capacités d’attention, de mémorisation, de discrimination qui sont fragiles chez les enfants atteints de troubles cognitifs spécifiques quelque soit le domaine (attention, langage oral et écrit, coordination, visuospatial).
Passer
d’une représentation perceptive à une représentation symbolique
Dédys se
veut un outil inclusif d’étayage et de renforcement pour travailler
spécifiquement la construction du nombre avec l’ensemble de la classe et
notamment les relations entre les quantités analogiques et les désignations
symboliques, orales (les noms des nombres) et écrites (les chiffres arabes).
C’est cet apprentissage qui doit se faire à l’école et c’est lui qui permettra
peu à peu de quitter la représentation perceptive pour une représentation
symbolique, porte d’entrée pour un monde fait d’abstraction où le nombre
devient une idée et non plus seulement une intuition.
Au-delà des
capacités primitives
L’intuition
du nombre pour la recherche en psychologie cognitive est une capacité présente
dès la naissance, permettant au nouveau-né de discriminer de très petites
quantités (des petits objets), 1, 2, 3 et d’en comprendre certaines
transformations (petit ensemble de 1, de 2 où je retire ou ajoute 1). Cette
intuition permet également de comparer de façon approximative deux quantités un
peu plus grandes, de les jauger, pour déterminer la quantité la plus grande.
Le modèle
du triple code
Au-delà de
ces quantités perceptives et concrètes qu’il est possible d’approximer ou de
manipuler en dehors même de tout système symbolique dédié, il existe un système
culturel propre à différentes civilisations avec l’introduction de
représentations symboliques orales (le nom des nombres) et écrites (les
chiffres arabes) qui permettent non plus simplement des transformations mais
des véritables opérations sur les nombres, grâce à des procédures codifiées et
automatisées.
Selon le modèle de Cohen et Dehaene (1992) il existe trois formes de représentations des nombres, une représentation analogique non symbolique (l’intuition du nombre qui permet de comprendre des petites quantités, ou de dénombrer approximativement des quantités un peu plus grandes en utilisant la constellation du dé, des cailloux, les doigts de la main), une représentation verbale (le nom des nombres) et une représentation écrite (les chiffres arabes). Ces trois codes, le code analogique, le code verbal et le code écrit correspondrait à des réseaux de neurones bien particuliers. Ces trois codes, bien que distincts, sont en relation et nous permettent de saisir la dimension abstraite du nombre. Ils sont aussi sources d’erreurs, notamment chez les enfants qui peuvent avoir du mal à faire le lien entre code analogique (non symbolique) et codes symboliques verbal ou écrit.
Dyscalculie
primaire ou secondaire
Selon
Michèle Mazeau, il existerait deux grands types de dyscalculie et de nombreuses
raisons d’être en difficulté avec les nombres. La dyscalculie primaire
correspondrait à une atteinte de nos capacités primaires – celles que Dehaene
regroupe sous l’appellation d’intuition du nombre et qui correspond à notre
capacité de traiter dès la naissance des petites quantités (subitizing) et
d’estimer de façon approximative des quantités un peu plus grandes. La
dyscalculie secondaire – comme celle dont souffre de nombreux enfants
dyspraxiques – toucherait davantage les modes de représentations symboliques, verbales
et écrites, en relation avec les capacités visuo-spatiales notamment.
Double
codage
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